Histoire de la vigne

L'Histoire de la Vigne à Sainte-Foy-lès-Lyon

La vigne romaine

C’est aux Romains de Jules César qu’il faut attribuer la diffusion du vignoble à travers la Gaule (58 à 49 avant JC). La vigne couvre rapidement la province «Narbonnaise» et s’étend de Narbonne au Sud jusqu’aux Côtes Rôties au Nord. Comment la création de Lugdunum par les Romains en 43 av J.C. et la construction de l’aqueduc du Gier vers 120 après J.C. n’auraient-elles pas entrainé la plantation de vignes sur les coteaux ensoleillés de Sainte-Foy-lès-Lyon?

Pendant le premier millénaire de notre ère les évêchés et les monastères remplacent l’administration romaine. Le Vignoble gagne l’ensemble de la France mais on dispose de peu d’éléments sur son évolution.

Lyon prend goût au vin à partir du XV ème siècle.

A partir du XV° siècle Lyon et ses bourgeois s’intéressent particulièrement à la viticulture lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ont peut en tirer un grand profit. Au delà de sa consommation personnelle le propriétaire de vignes est autorisé à vendre au détail à son domicile. Ce genre de vente est bientôt insuffisant et des marchands ouvrent leurs caves pour en faire des tavernes.

Les taverniers vendent « à pot » à consommer debout ou à emporter, mis en bouteilles ou en pichets remplis à partir de la futaille au vu du client. En effet le Consulat (assemblée des échevins) interdit aux taverniers de vendre « à table assise » aux gens domiciliés à Lyon.

La table assise des cabaretiers est réservée aux clients qui voyagent et se restaurent. En laissant les consommateurs debout on peut espérer qu’ils boiront moins et qu’ils ne déserteront pas leur atelier à tout propos.

Le vin n’est pas cher ! Avec un salaire quotidien de cinq sous l’ouvrier peut se payer huit litres de vin, alors pourquoi n’en achèterait-il pas quelques pintes ? (capacité identique à celle du pot soit 1,059 litre). Les registres d’entrées des octrois lyonnais indiquent qu’en 1552-53 il est entré 100.000 hectolitres. Il faut y ajouter les quantités exemptes de droit destinées au clergé, à l’Hôtel-Dieu, à certains privilégiés et surtout ce qui entre en fraude.

On évalue à 150.000 hectolitres ce qui est consommé par 75.000 habitants, c’est à dire une consommation moyenne de deux hectolitres par an et par habitant. Un voyageur italien dit qu’à Lyon les habitants boivent plus de vin qu’on en consomme dans douze villes d’Italie.

La taverne et le cabaret sont surtout fréquentés par le peuple. Au fil des ans le confort fait son apparition et les auberges, hôtelleries et traiteurs sont fréquentés par les classes les plus aisées de la population.

La vigne, monoculture à Sainte-Foy-lès-Lyon aux XIV° et XV° siècles.

Cette évolution des mœurs a pour conséquence de développer autour de Lyon un vignoble dont la mission prioritaire est d’approvisionner la ville, et qui s’implante d’abord selon un mince liseré sur les pentes bien exposées du Lyonnais avant de couvrir celles du Beaujolais.

Les limites extrêmes en sont Givors au Sud, Anse au Nord et Brignais à l’Ouest. On sait qu’en 1563 dans le Lyonnais, 77 paroisses produisent du vin contre 7 seulement dans le Beaujolais.

Le paysage du coteau de Sainte-Foy ne ressemble en rien à la colline entièrement boisée que nous connaissons aujourd’hui. Autour du bourg il n’y a pas que des pentes et des terrasses totalement couvertes de vignes, aucun arbre sauf quelques « salles d’ombrages » à coté des maisons de maîtres.

C’est un paysage tel que nous pouvons le voir maintenant sur les coteaux d’Ampuis ou de Condrieu. Les vignes appartiennent avant tout aux Lyonnais. On évalue leurs biens à 800 hectares. Certaines paroisses pratiquent une véritable monoculture de la vigne. C’est le cas de Charly, Grigny, Irigny, Millery, Sainte-Foy, St Genis Laval, où les lyonnais possèdent plus de la moitié des vignes. Sur les pentes des Monts d’Or la propriété lyonnaise est moins développée.

Les petits propriétaires y dominent, et dans les quartiers proches comme Vaise ou St-Just, les plus humbles habitants de la ville peuvent posséder un petit lopin et cultiver eux mêmes.

Quand le village a une production plus renommée, et c’est le cas pour Sainte-Foy et Millery, les parcelles plus grandes peuvent être rassemblées en une exploitation de quelques hectares avec maison, tinailler (cuvage) et cellier confiés à un vigneron.

La mainmise des Lyonnais aisés sur le vignoble environnant date des années 1470-1520 et s’explique par l’essor commercial de la ville qui a placé les marchands au premier plan. L’argent gagné s’investit dans la propriété foncière. C’est par exemple le cas de Clément Mulat, homme de lois, dont un document de 1493 décrit la propriété.

Placement et culture de la vigne vont de pair et il est de bon ton de boire son vin. La qualité de celui-ci est assez mal connue. On distingue toutefois « le bon vin » seul admis par les Seigneurs qui reçoivent les redevances en vin, et « le vin médiocre ou de couvent » qui fournit la plus grande partie de la consommation journalière des classes populaires et des monastères.

Le vin de Saint-Foy-lès-Lyon bénéficie d’une excellente réputation et l’on entend à Lyon les crieurs de tavernes annoncer « Céans, y a le bon vin de Sainte-Foy-lès-Lyon, à plein tonneau, avec pain chaud et hareng.. »

Le vin de Paris passe par Sainte-Foy-lès-Lyon à partir du XVI ème siécle.

Contrairement à Lyon qui dispose de son propre vignoble, la capitale s’approvisionne essentiellement à partir des productions du midi de la France.

On imagine les difficultés de transport lorsqu’on sait qu’après avoir navigué sur le Rhône, la futaille est débarquée à Pierre Bénite puis installée sur des chars tirés par des chevaux, pour passer par Tassin et Tarare, gravir le Pin Bouchain et se rendre à Roanne où elle est embarquée sur la Loire. Cet itinéraire traverse Sainte-Foy du Sud au Nord en empruntant le Chemin de Fontanières.

En 1773 les commissionnaires chargés de la traite des vins du Languedoc adressent à l’Intendant Général de la Généralité de Lyon une plainte véhémente dénonçant le mauvais état du chemin depuis la Croix Clavel (carrefour du chemin de Fontanières et du chemin des Chassagnes) jusqu’à St Irénée, chemin par lequel il passe ai moins 16.000 asnées du dit vin (environ 15.000 hectolitres) entre la Toussaint et début mai, ainsi que la futaille vide en sens inverse.

Malgré les réparations continuelles en très divers lieux que les suppléants y ont faites journellement à leurs dépens pour combler les ornières et empêcher « l’entier dépérissement » du chemin, ce passage est jugé trop étroit en plusieurs endroits, ce qui occasionne des querelles opiniâtres et des scandales entre les voituriers, les cochers et mêmes les maîtres.

Les Commissionnaires demandent à l’intendant le pavage du chemin et son élargissement pour que deux voitures puissent y passer à la fois ... il semble que 222 ans n’ont pas suffit pour obtenir l’élargissement de cette artère principale du Canton.

La Révolution de 1789 à Sainte-Foy-lès-Lyon.

Une des premières manifestations de la Révolution en 1791 est la confiscation des domaines viticoles religieux de Sainte-Foy-lès-Lyon et plus tard leur vente « au profit de la Nation ». C’est ainsi que sont confisqués :

- le domaine du trésorier de l’église de Lyon, dont les bâtiments existent toujours au N° 89 de la rue Georges-Clémenceau.

- le domaine de 4 hectares des Pères Minimes de la ville de Lyon acquis par eux en 1672, tout en vigne, avec une maison de maître et un tinailler contenant 2 pressoirs et 5 cuves. Ce domaine est vendu comme bien national à Joseph Antoine Saget, agent de change à Lyon, qui en est le voisin, lequel Saget va devenir Maire de Sainte-Foy-lès-Lyon de 1803 à 1814. Ce domaine existe toujours au N° 72 du chemin de Fontanières, bien qu’amputé par la construction du groupe Mont Blanc.

- les bâtiments dans lesquels résident les Seigneurs de Sainte-Foy-lès-Lyon. Il s’agit de la maison « Cornet » détruite en 1963 lors de la construction de « la Résidence du Château ». C’est dans ce domaine que se trouvait un tinailler contenant le matériel de cuvage destiné à recevoir la dîme de la paroisse.

- le domaine de La Mulatière de 181 bicherées (23 hectares) acquis par les Jésuites du Petit Collège de Lyon en 1680 et comportant plusieurs anciens bâtiments de maître dont l’un avait appartenu au banquier italien Bastero, plusieurs tinaillers contenant 2 pressoirs à tour, 9 cuves et un matériel important. Le domaine de La Mulatière comportait aussi un tènement de vignes appelé « la Navarre » et plusieurs autres vignes. A signaler que bien qu’expulsés de France en 1762 les Jésuites étaient restés propriétaires de leur domaine qui avait été affermé jusqu’à la Révolution.

- les récoltes de vin des vignes appartenant à l’Hôtel Dieu de Lyon sont saisies et vendues en dépit du fait que l’Hôtel Dieu ne dépend pas du clergé.

- neuf domaines appartenant à des nobles ou à des bourgeois anoblis sont également confisqués « au profit de la République ».

- en 1793 après le siège de Lyon, treize domaines appartenant à des propriétaires émigrés sont séquestrés par mesure de sûreté. En même temps neuf propriétaires « périssent sous le glaive de la loy ».

Ce sont au total 25 domaines de propriétaires réputés « contre révolutionnaires » qui sont confisqués. Certains seront restitués aux propriétaires reconnus « bons patriotes » mais la plupart seront vendus comme « bien national » à des bourgeois lyonnais.

Quels auront été les résultats de la Révolution ? D’une part les domaines confisqués aux bourgeois auront été rachetés par d’autres bourgeois, d’autre part en ce qui concerne les impôts les Seigneurs (en l’occurrence les chanoines de St Jean) auront été remplacés par l’état.

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